La Belgique envisage des limites énergétiques pour les data centers : quelles conséquences pour le marché IT ?

La consommation énergétique des data centers en Belgique pourrait dépasser 10 % d’ici 2035 — voici ce que les responsables IT doivent absolument savoir.

November 18, 2025
Purple Elipse - Sparagus
8 minutes de lecture

Résumé de l'article en 30 secondes

La consommation électrique des data centers belges grimpe rapidement — de 4 % aujourd’hui à un potentiel de plus de 10 % d’ici 2035. Elia propose désormais des limitations de capacité, tandis que les hyperscalers réservent la majorité de l’énergie disponible, mettant sous pression les projets IT futurs. Les réglementations européennes telles que la directive EED rendent désormais obligatoire le reporting énergétique pour les grands data centers, et les connexions flexibles risquent d’entraîner des restrictions de puissance aux heures de pointe. Pour les équipes IT belges, cela signifie repenser la redondance multi-régions, les stratégies hybrides, la planification des workloads et les critères de sélection fournisseurs. En parallèle, cette nouvelle réalité énergétique ouvre des opportunités dans le cloud vert, la conformité EED, la conception durable et les services de flexibilité réseau.

Les data centers belges ont consommé 4 % de l’électricité du pays l’année dernière. D’ici 2035, ce chiffre pourrait atteindre 10 % ou davantage. Si vous vous demandez ce que cela signifie pour vos plans d’infrastructure IT, la réponse est simple : tout vient de devenir beaucoup plus complexe.

Bienvenue en 2025, où les data centers se retrouvent soudain à concurrencer les aciéries pour l’accès à l’électricité.

L’alerte que la Belgique n’avait pas vue venir

La Belgique fait les gros titres dans l’actualité tech — et pas pour les raisons habituelles.
Elia, le gestionnaire du réseau de transport belge, propose la création d’une catégorie spécifique « data centers » avec des allocations maximales de capacité. Autrement dit : une file d’attente est en train de se former, et tout le monde n’aura pas de place.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis 2022, les demandes de raccordement ont été multipliées par neuf. La capacité déjà réservée par les data centers pour 2034 dépasse plus du double des 8 TWh initialement prévus dans le plan de développement du réseau.

Pour mettre cela en perspective : les data centers ont consommé environ 3,2 TWh en 2023 — environ 4 % de la consommation totale d’électricité du pays. C’est déjà le double de la moyenne européenne. Et d’ici 2035 ? Entre 7 et 15,5 TWh. Dans le scénario haut, cela représente plus de 10 % de toute l’électricité nationale.

En d’autres termes : on pourrait bientôt devoir consacrer un ou deux réacteurs nucléaires uniquement à nos serveurs.

Pourquoi la Belgique est devenue un hub pour les data centers

Voici ce qui s’est passé : la Belgique est discrètement devenue un hub Tier-2 pour les data centers.
Pendant que Francfort, Londres, Amsterdam, Paris et Dublin atteignaient la saturation (manque de terrain et capacité électrique limitée), la Belgique offrait une alternative viable : localisation centrale, infrastructures solides, prix compétitifs.

Google l’a compris tôt. Leur campus de Saint-Ghislain fonctionne depuis 2010, et ils viennent d’annoncer un nouvel investissement de 5 milliards d’euros pour soutenir leur stratégie IA.
Microsoft avance aussi : trois data centers sont en construction.

L’association belge des infrastructures numériques résume la situation sans détour :
la demande énergétique actuelle et planifiée des data centers est dix fois supérieure à ce que le réseau peut fournir aujourd’hui. Dix fois.

Ce que cela signifie pour votre lundi matin

Si vous travaillez dans l’IT en Belgique — CTO, IT manager ou ingénieur infrastructure — ce n’est plus un débat théorique.
C’est un changement qui va impacter votre travail au quotidien.

La capacité électrique devient un vrai problème

La proposition d’Elia inclut des « connexions flexibles » pour les data centers.
En pratique, cela signifie que votre connexion peut être limitée — voire coupée — lors des pics de demande. Vos serveurs pourraient perdre de la puissance si le réseau est congestionné.

Pour les nouveaux projets cloud, les data centers privés, les infrastructures HPC ou les systèmes de backup, vous pourriez vous retrouver à attendre un raccordement. Les hyperscalers réservent déjà l’essentiel de la capacité disponible. Les plus petits acteurs n’auront pas la même réalité.

Le Green IT n’est plus un bonus — c’est obligatoire

Vous vous souvenez quand « durabilité » était une case sympa à cocher dans un appel d’offres ?
Cette époque est terminée.

La directive européenne sur l’efficacité énergétique (EED) impose désormais aux data centers de plus de 500 kW de capacité IT de déclarer chaque année leurs indicateurs :

  • PUE
  • WUE
  • part d’énergie renouvelable
  • récupération de chaleur
  • etc.

En Wallonie, les premiers rapports étaient attendus pour le 15 septembre 2024, et les suivants chaque 15 mai.
Flandre et Bruxelles suivent le même principe.

À cela s’ajoute un système européen de notation et des standards minimum de durabilité prévus pour 2026.

Vos décisions d’infrastructure deviennent beaucoup plus complexes

Cela change fondamentalement la planification IT :

  • La redondance multi-régions devient indispensable.
  • Le cloud hybride passe du statut “confort” à “nécessité”.
  • Les workloads IA devront être optimisés selon l’énergie disponible.
  • Les critères fournisseurs devront inclure PUE, mix énergétique et performance environnementale.

La bonne nouvelle

Chaque crise crée des opportunités :

  • L’expertise en cloud vert va devenir extrêmement recherchée.
  • Les data centers capables de moduler leur consommation pourraient être rémunérés pour fournir des services de flexibilité au réseau.
  • La conformité EED, la conception durable, l’optimisation énergétique et les audits pourraient devenir un marché en pleine explosion.

Et maintenant ?

Le plan fédéral de développement du réseau 2028-2038 abordera spécifiquement l’explosion de la consommation des data centers.
Le ministre de l’Énergie, Mathieu Bihet, a déjà annoncé qu’il suivra ce sujet de près.

D’ici là, nous devons adapter nos stratégies.
Parce qu’en matière d’IT — qu’il s’agisse d’infrastructure interne ou de services cloud — les règles du jeu ont changé.

L’ère du « plug-and-play » est terminée.
Bienvenue dans l’ère de l’IT “energy-aware”.

Besoin d’aide pour naviguer dans ces changements ?

Chez Sparagus, nous connectons les professionnels IT aux opportunités qui correspondent à l’évolution du marché technologique belge.
Comprendre où va l’industrie est la première étape pour rester en avance.

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